Heurtés par les propos inconsidérés des uns et des autres et plus particulièrement par les politiques, 2 anciens secrétaires nationaux du secteur du gaz et de l’électricité crient la vérité.
20 ans de liberté octroyée aux entreprises du secteur ont pour conséquences directes un non investissement dans les outils de production électrique, d’alimentation du grand réseau (Elia) et de la distribution par Ores Sibelga ….ont entraîné le vieillissement des outils, l’amortissement de ces derniers générant la raréfaction de l’électricité en Belgique par notamment l’arrêt de 3 réacteurs nucléaires.
Il y a 20 ans les hommes politiques au pouvoir promettaient une diminution du prix du KW alors qu’aujourd’hui on constate une augmentation de son prix. Cet énoncé fallacieux avait été également utilisé par Electrabel Tractébel pour justifier auprès des décideurs une diminution, convenue avec la FEG-CSC et la CGSLB, des coûts salariaux de l’ordre de 40 à 50% pour les nouveaux agents du secteur devenus à ce jour majoritaires dans les entreprises du secteur.
Les opérateurs électriques d’avant la libéralisation et d’après sont toujours les mêmes et sont devenus Français par Suez. Comme il fallait s’y attendre se fut la fuite des capitaux en France et donc la disparition des moyens financiers pour renforcer la capacité électrique. Les gesticulations des hommes politiques belges sont un écran de fumée auprès de la population belge.
Outre les conséquences sur notre population cette situation “libérisatrice” est négative pour les travailleurs du secteur G/E: importante augmentation de la productivité, diminution du “bon emploi”, augmentation du stress et du burnout, utilisation maximale des entreprises extérieures, la diminution des rémunérations (de 40 à 50%) démission des agents etc. Les conséquences de la situation sociale de la Libéralisation seront répercutées sur l’usager -consommateur qui n’est pas rassuré même si l’on affirme que le Black-out est “maîtrise” puisqu’on prévoit des coupures qui sont à nos yeux des Black-out individuels.
En fait on culpabilise les consommateurs en leur faisant croire que c’est leur comportement qui réglera la pénurie d’électricité. En fait bien sûr, si tout le monde débranche ses appareils électriques, il n’y aura ni coupures ni Black-out. Quelle serait l’attitude du Gouvernement si les coupures étaient générées par des mouvements sociaux? A coup sûr, ce serait considéré comme de l’incivisme ; les hommes politiques viennent de générer le Black-out par leur immobilisme coupable.
La gestion des coupures va engendrer du stress supplémentaire pour les travailleurs du secteur (les manœuvres sur le secteur sont périlleuses) ainsi que pour les consommateurs puisque le matériel électrique n’est pas conçu pour cette situation aléatoire. Nous sommes très inquiets pour la sûreté et la santé des malades. On nous promet qu’ils ne seront pas affectés puisque les hôpitaux sont accouplés à des groupes électrogènes. Néanmoins nous connaissons leur vétusté et le temps réduit de fonctionnement.
Tout ce qui précède avait été dénoncé par Gazelco et la CNE aux responsables politiques au plus haut niveau; ces démarches furent balayées d’un revers de la main et on voit aujourd’hui ce qu’il en est. Avant la libéralisation de l’électricité il existait une instance créée par le législateur qui se nommait « Le Comité de Contrôle du secteur, du Gaz et de l’Electricité »: il était composé de toutes les forces vives du Pays. Sa fonction consistait à contrôler les prix, à accepter ou non l’augmentation du prix ainsi que de décider ou non des investissements à effectuer soit en production ou en transport et en distribution. La libéralisation du secteur n’a rien apporté aux travailleurs et aux consommateurs que du contraire.
Aussi nous sommes certains que la réinstallation du Comité de Contrôle serait le seul moyen pour assurer à l’ensemble de l’économie les outils suffisants à son bon fonctionnement et de relancer en cela le marché et donc l’emploi.
J.M. Piersotte (ancien secrétaire national industrie CNE) et J.C Galler (ancien secrétaire national Gazelco-FGTB)