Le second tour des élections présidentielles françaises vient de livrer son verdict. Emmanuel Macron devient le plus jeune président de la 5e République. Il faut, cependant, dépasser cette anecdote et tirer quelques enseignements de ces quelques mois qui ont rythmé la vie politique française et européenne.
Car, si l’élection de Macron est tout sauf anodine, il en est de même du contexte général de cette campagne.
Premier constat à tirer, à gauche, la social-démocratie molle ne fait plus recette. Le Peuple de gauche n’en veut plus de ce consensus du «centre» qui fait des partis de la gauche «gouvernementale» les alliés objectifs des politiques d’austérité et de remise en cause du modèle social. Une dynamique similaire a vu le jour en Grèce, en Espagne, en Allemagne…
Partout, la preuve a été faite que la gauche n’est pas morte mais qu’elle a besoin, à la fois, de se réinventer et, dans le même mouvement, de revenir à ses fondamentaux et oser analyser la société en termes de rapport de force pour déterminer efficacement les processus de domination et être en mesure de lutter contre.
Deuxième constat, l’importance de la communication dans la construction d’un rapport de force. Macron, inconnu du grand public il y a trois ans, sans parti politique derrière lui, s’impose. Lui, le banquier, le financier, le ministre de Hollande a réussi l’exploit d’être élu en se faisant passer pour l’Homme du changement. Son élection prouve l’importance qu’il faut nous accorder à l’affirmation d’un imaginaire collectif capable de réenchanter notre action.
Il nous faut fédérer derrière un projet commun, émancipateur. Un projet qui met en avant la solidarité, la fraternité et l’égalité. Un projet qui consacre le droit au bonheur, qui propose des alternatives à la marchandisation de la santé, de la culture, de l’enseignement, de l’environnement… Bref un projet à hauteur d’Homme.
Troisième constat, la montée de l’extrême droite est inquiétante et son installation dans la vie politique ne doit jamais être synonyme de banalisation de ses idées abjectes et nauséabondes. En politique, il y a des adversaires et des ennemis. À coup sûr, l’extrême droite relève de cette seconde catégorie. Les appels à lui faire barrage ont été, dès le soir du second tour, une posture parfois ridicule de certains responsables de la «gauche». Car faire barrage, ce n’est pas lutter contre! Faire barrage, si c’est nécessaire, n’est absolument pas suffisant. Il faut réunir les conditions pour que plus jamais nous ne soyons, nous ou certains de nos Camarades, appelés à faire barrage (par les urnes ou par la rue) à l’extrême droite. Cela passera par un travail quotidien de lutte active contre les idées de rejet, de haine et d’intolérance qui polluent trop souvent nos discussions en famille, entre amis et collègues. Il nous faudra répéter sans cesse, qu’opposer les travailleurs belges aux immigrés, les chômeurs aux sans-papiers, les Flamands aux Wallons c’est opposer les victimes entre elles, c’est faire le jeu de ceux qui veulent nous faire oublier que par-dessus ces oppositions créées de toutes pièces il y en a une, bien réelle, qui concerne la redistribution des richesses produites.
Bref, pour lutter contre les banquiers et les fascistes, il nous faut prendre notre avenir en main.
Il nous faut être un maillon essentiel de la création de ce projet de gauche radicale et démocratique qui fédère derrière lui et s’appuie sur des moyens de communication faisant la part belle à l’éducation populaire, à l’intelligence, à la volonté d’aller vers l’autre et à la solidarité.
Bref, pour reprendre les mots d’Antonio Gramsci «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres».
À nous, pour lutter contre les monstres, quels qu’ils soient, de nous mettre à l’œuvre, par-delà nos différences, pour faire naître ce nouveau monde!
Patrick Lebrun Secrétaire général |
Laurent Pirnay Secrétaire général adjoint |