En juillet 2015 nous avons assisté à un coup d’État financier orchestré depuis l’Union européenne (UE) et ses institutions contre le gouvernement grec. Condamnant ainsi la population grecque à continuer à souffrir des politiques d’austérité qu’elle avait rejetée par deux fois dans les urnes. Ce coup d’État a intensifié le débat sur le pouvoir des institutions de l’UE, son incompatibilité avec la démocratie y son rôle de garante des droits élémentaires exigés par les européens.
Nous savons qu’il existe des politiques alternatives à l’austérité. Des initiatives comme « Pour un Plan B en Europe« , « Austerexit » ou « DiEM25 (Democracy in Europe Movement 2025) » dénoncent le chantage exercé contre la Grèce au travers du troisième mémorandum. Ces initiatives dénoncent également l’échec économique que ce troisième mémorandum entrainera et le caractère antidémocratique de l’UE. Un caractère d’ailleurs reconnu par le propre président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a déclaré qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens« .
Nous sommes aussi les témoins de l’absence de solidarité, parfois même de la xénophobie, des institutions européennes et des États membres face à l’arrivée de réfugiées originaires du Moyen-Orient et d’Afrique et devant le drame humanitaire que ces derniers vivent. Nous soulignons l’hypocrisie de l’UE en matière de droits de l’homme. L’UE est, de manière indirecte, au travers des ventes d’armes ou de ses politiques commerciales, un acteur clé des conflits qui ont provoqué les récentes crises humanitaires.
Les politiques d’austérité initiées depuis le début de la crise il y a huit ans privatisent les biens communs et détruisent le droit du travail, alors qu’elles devraient faire face aux causes initiales de la crise comme la dérégulation du système financier et la prise de control des institutions de l’UE par les entreprises au travers des grands lobbies et de la pratique des « portes tournantes ». L’UE promeut de fausses solutions en négociant dans la plus grande opacité et sans presque aucun control démocratique, des traités commerciaux et d’investissements comme le TTIP/TAFTA, le CETA ou le TiSA, qui éliminent ce qu’ils considèrent comme des barrières au commerce : les droits et les normes qui protègent les citoyens, les travailleurs et l’environnement. C’est un coup porté contre nos démocraties et l’État de droit, particulièrement au travers des mécanismes de protection des investisseurs.
L’actuelle UE est, de facto, gouvernée par une technocratie au service des intérêts d’une petite mais puissante minorité représentante des pouvoirs économique et financier. Tout ceci a provoqué, dans de nombreux pays en Europe, la résurgence des discours d’extrême-droite et des thèses xénophobes et nationalistes. Comme démocrates, nous avons la responsabilité de réagir devant cette menace et d’empêcher que les fascismes capitalisent sur la douleur et le mécontentement. D’ailleurs, les citoyens, ont malgré tout, fait preuve de solidarité envers les milliers de personnes réfugiées qui pâtissent de cette tragédie humanitaire.
La société a déjà commencé à travailler en faveur d’un changement radical des politiques de l’UE. Les mobilisations sociales comme celles de Blockupy, de la campagne contre le TTIP/TAFTA, l’Alter Summit, la grève générale européenne de 2012, les Marches européennes ou l’important travail réalisé par les nombreuses plateformes citoyennes et ONG ont crée un précieux capital humain, intellectuel et idéologique pour la défense des droits de l’homme, le respect de la Terre et la dignité des personnes au-delà des intérêts politiques et économiques. Nous croyons cependant qu’une plus grande coordination et coopération des mobilisations au niveau européen sont nécessaires.
Beaucoup de propositions sont sur la table pour en finir avec l’austérité : une politique fiscale juste, la fermeture des paradis fiscaux, des systèmes d’échanges complémentaires, la remunicipalisation des services publics, la répartition égalitaire du travail y compris pour les personnes qui restent au foyer, un modèle de production basé sur les énergies renouvelables, la réforme ou l’abolition du pacte fiscal européen, en particulier du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans le cadre de l’Union économique et monétaire.
L’exemple grec nous a montré que pour faire face à l’actuelle conjoncture nous devons unir nos forces depuis tous les États membres et depuis toutes les sphères : politique, intellectuelle mais également depuis la société civile. Notre vision est solidaire et internationaliste.
Pour ces raisons, nous voulons créer un espace de confluence au sein duquel tous les mouvements, les personnes et les organisations qui s’opposent au modèle actuel d’Union européenne puissent discuter et élaborer un agenda commun d’actions, de projets et d’objectifs. Ceci dans le but principal de rompre avec le régime d’austérité de l’UE et de démocratiser radicalement les institutions européennes, en les mettant au service des citoyens.