Poser avec un t-shirt féministe est une chose. Lutter réellement contre les discriminations à l’égard des femmes en est une autre. Entre les deux, Charles Michel a choisi : il opte pour le t-shirt et la photo dans les magazines. Solution plus simple, évidemment, que d’assumer le contenu de ses politiques sociales et économiques, majoritairement défavorables aux femmes.
En ce 8 mars, Journée des droits des femmes, la Campagne Merci le MR ! se penche sur quelques mesures du gouvernement Michel qui ont des conséquences désastreuses pour les femmes et l’égalité de genre. Car les politiques antisociales et d’austérité accentuent les inégalités subies par les femmes sur le marché du travail et dans la société en général.
Hommes et femmes, vous avez dit égaux ?
Aujourd’hui, en Belgique, les femmes gagnent encore, en moyenne, 20 % de moins que les hommes. Cette situation n’a pas une seule origine mais découle d’un ensemble de facteurs.
Première cause : le temps partiel. 45 % des femmes travaillent sous ce statut contre 11 % des hommes. Et ce n’est un choix que pour 8 % des travailleuses concernées. Pour les autres, l’immense majorité, c’est le manque d’emploi à temps pleins (surtout dans les secteurs dits “féminins” comme la distribution ou le nettoyage), mais aussi l’insuffisance de places en crèches combinée aux obligations familiales qui imposent ce choix.
Mais cela n’explique pas tout. Les femmes sont aussi surreprésentées dans les secteurs les moins rémunérés. De plus, elles sont souvent cantonnées dans les fonctions moins élevées et accèdent plus difficilement aux postes supérieurs.
Elles reçoivent aussi moins d’avantages complémentaires que leurs collègues masculins et sont plus souvent confrontées aux contrats précaires et aux interruptions de carrière. Enfin, la répartition inégale des tâches au sein des ménages et la division traditionnelle des rôles (“c’est à la mère de s’occuper des enfants”) ont également une influence sur la carrière.
Résultats ? Le salaire des femmes est inférieur de 20% à celui des hommes et leur pension de 26 %.
Conséquence ? Les femmes sont plus exposées à la pauvreté.
Bref, l’égalité hommes-femmes, c’est pas encore ça ! Et pour y arriver, il faudrait mettre sur pied une politique transversale en faveur de l’égalité salariale tout en développant la protection sociale.
Le gouvernement de Charles Michel a décidé… d’aggraver la situation !
Le gouvernement fédéral a décidé de faire exactement l’inverse. Quelques exemples ?
– travail à temps partiel : Certains travailleurs à temps partiel peuvent bénéficier d’une Allocation de garantie de revenus (AGR). 80 % des travailleurs bénéficiant d’une AGR sont des travailleuSEs ! Et, parmi elles, une majorité d’isolées et de familles monoparentales.
En 2015, première diminution de l’AGR par le gouvernement Michel. En 2018, il prévoit de la réduire encore de moitié après 2 ans de travail. Les salariés bénéficiant de l’AGR sont maintenant aussi soumis aux contrôles du FOREM et peuvent donc être sanctionnés.
– fins de carrière : les conditions d’accès à la prépension et à la pension anticipée ont été renforcées, ce qui pénalise fortement les femmes (75 % d’entre elles ont une carrière incomplète).
– périodes assimilés : les périodes d’interruption de carrière (chômage involontaire, prépension…) ne sont plus assimilées totalement pour le calcul de la pension. On ne tient plus compte du dernier salaire perçu mais seulement du salaire minimum. Cette mesure diminuera la pension de nombreuses femmes puisque 3 sur 4 ont une carrière incomplète.
– conciliation vie privée – professionnelle : la Loi Peeters a “flexibilisé” davantage le temps de travail, ce qui complique la vie des familles monoparentales et des travailleurs à temps partiel (deux catégories où les femmes sont largement majoritaires) et aggrave l’inégale répartition des tâches au sein des couples.